"Au château d’alcool" de François Darnaudet
Il y a les littératures « de genres » (sous-entendu mauvais), parfois qualifiées « de gare », censées être délassantes, écrites à la va-vite pour être lues de la même façon. Darnaudet y invente un sous-genre, la littérature de niche. Les lecteurs potentiels doivent s’intéresser au cinéma Z plein de sang et d’horreurs. Bon, j’exagère un peu.
Un auteur de romans policiers et fantastiques qui vit mal de sa plume s’intéresse à un film tellement horrifique que les spectateurs se tuent à la sortie. Au même moment on lui propose une forte somme pour écrire une scène d’horreur finale dans un autre film.
Le film qui tue, quoi, mais pas tout le monde et pas notre quadra déglingué fauché mal rasé mais qui aime tellement sa fille adolescente. C’est bourré de références explicites au cinéma (mais pas spécialement d’horreur ni de série B plutôt des films grand public, pas besoin d’être cinéphile ni spécialisé). Un certain humour est également au programme.
L’auteur s’appelle Julien Gras et le film "Au château d’alcool". Pas besoin d’avoir fait littérature à la Sorbonne pour voir l’ « humour ». Julien Gracq est d’ailleurs explicitement qualifié de « courgette » et un autre de ses titres est transformé en "Le rivage des pitres". Je ne sais pas vous mais moi je ne trouve pas ça drôle. Marguerite Duras est également peu subtilement insultée à l’occasion. Que l’auteur préfère King, Barker, Vian ou Djian, je ne vois pas le problème, mais la moquerie ad nominem peu fine n’est pas ma tasse de thé.
Sinon j’ai lu ce titre à la couv’ « de gare » (rien à voir avec l’histoire, juste une femme à poil) parce que j’avais apprécié d’autres titres de cet auteur, en particulier Trois guerres pour Emma.
Notez aussi que j’ai fini le livre (d’accord il ne fait pas 200 pages) et la deuxième partie est assez prenante. Le style est enlevé quand il ne s’essaye pas à l’humour ou à la référence, les relations bien particulières père-fille sont bien senties et ne l’oubliez-pas – je me répète mais il faut – : l’humour est chose du monde bien mal partagée.